mercredi 15 juin 2016

Dialogue en RDC : Edem Kodjo compte rencontrer Etienne Tshisekedi à Bruxelles

Le facilitateur du dialogue national en RDC, Edem Kodjo, annonce son voyage pour Bruxelles en Belgique, afin de rencontrer le président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Etienne Tshisekedi. Lors d’une conférence de presse organisée mardi 14 juin à Kinshasa, il promet « d’exercer sa patience dans les limites supérieures ».
« Ma patience est aussi infinie que celle du poète qui a dit qu’il est prêt à boire toutes les eaux du Congo. Je l’exercerai dans les limites supérieures », affirme l’ancien secrétaire général de l'Organisation de l'Unité Africaine, Edem Kodjo. Il indique qu’à Bruxelles, il va aussi rencontrer le groupe de soutien au dialogue pour discuter de la tenue de ce forum.
« Il est évident que si on se rencontre et qu’il n’y a plus rien à faire du tout, on ne fera plus rien du tout, non plus », souligne Edem Kodjo.
Selon le facilitateur, plus rien ne sert de tergiverser sur la participation des uns et des autres au dialogue.
A l’issue du conclave de l’opposition qui s’est tenu à Bruxelles, les participants ont accepté le principe du dialogue, mais pas dans le format convoqué par le president Joseph Kabila.
Pour Edem Kodjo, le dialogue qu’il facilite n’est pas différent de celui voulu par la résolution 2277 du Conseil de sécurité de l’ONU.
« Le fait pour les NU d’indiquer que ce dialogue est le bon et que tout le monde doit y participer ne veut pas dire que tout le monde a compris ce langage ou que tout le monde est dans ce processus. Vous voulez que je démarre quelque chose de partiel ou qu’on n’essaye encore de ramener une partie de l’opinion dans le processus ? », s’interroge Kodjo.

30 juin 2016 : « Joseph Kabila » peaufine son discours…

Joseph Kabila » se prépare-t-il à surprendre l’opinion nationale et internationale en annonçant, le 30 juin prochain, qu’il n’a jamais eu l’intention de briguer un troisième mandat? Va-t-il au contraire annoncer la "nécessité" d’interroger le « souverain primaire » en organisant un référendum constitutionnel ? Selon des sources proches de la Présidence de la République, le locataire du Palais de la nation aurait instruit les «services» ainsi que son cabinet d’engager dès maintenant une "réflexion" afin de l’éclairer sur l’orientation à donner à son message à la nation à l’occasion de la célébration du 56ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance du Congo-Kinshasa.
Selon des sources à la Présidence de la République, deux faits majeurs ont instillé le «doute» dans l’esprit de «Joseph Kabila». Il y a d’abord, l’inertie qui a suivi son discours du 28 novembre dernier convoquant le « dialogue politique national inclusif ». Sept mois après, le comité préparatoire annoncé, à la première personne du singulier, peine à se mettre en place face aux tirs de barrage de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi. Bien que la majorité présidentielle minimise son impact - c’est le second fait -, le conclave organisé, du 8 au 9 juin, à Genval, par les forces politiques et sociales acquises au changement semble avoir ébranlé les « certitudes » de la majorité.

Certaines indiscrétions laissent entendre qu’un passage contenu dans l’Acte d’engagement des forces politiques et sociales acquises au changement a particulièrement mis «Joseph Kabila» dans tous ses états. Il s’agit du point « III » qui est libellé en ces termes : «Prenons acte de la fin du deuxième et dernier mandat de Monsieur Kabila Kabange le 19 décembre 2016 à minuit et saluons son départ du pouvoir le 20 décembre 2016 à 0h00 ». « A travers ces deux faits, le président Joseph Kabila commence à prendre conscience de l’effritement de son leadership », confie une source. « Joseph Kabila entend néanmoins rappeler que le Congo est un Etat indépendant et souverain ».

« Joseph Kabila » pourra-t-il surprendre agréablement l’opinion tant interne qu’externe? On peut en douter. Nombreux sont pourtant les observateurs qui attendent de lui un "mot magique " susceptible de "décrisper" le climat politique.

Sur le plan interne, le numéro un Congolais a habitué la population à des discours et interviews remplis d’injonctions. «Pour redresser le Congo, il faudra être sévère et les Congolais vont être surpris (…)», déclarait-il au « Soir » de Bruxelles. C’était en novembre 2006. Tout un "programme" qui a été confirmé notamment par le double massacre des adeptes du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo.

Dans son discours du 28 novembre 2015 annonçant la convocation du « Dialogue », "Kabila" est apparu étrangement humble et conciliant. « Je souhaite que la nation tout entière accompagne les différents délégués à ce dialogue national par des conseil avisés et surtout par des prières ferventes (…) ». Une vocation qui arrive bien tard.

Ce qui frappe dans les discours et allocutions prononcés par « Joseph Kabila », de 2001 à ce jour, c’est bien le décalage existant entre la parole et l’action, disent des observateurs. Ceux-ci sont déroutés par la plaidoirie présidentielle en faveur tant du "dialogue" que de la "cohésion" pendant que des personnalités politiques et des activistes de la société civile sont détenus à l’ANR (Agence nationale de renseignements) et à Makala. « La plus grande erreur commise par Joseph Kabila a été celle de créer la Majorité présidentielle, commente un politicien de la majorité. Cette structure a transformé le chef de l’Etat en un grand commun diviseur qui s’appuie sur un groupe des Congolais contre d’autres... ».

Un avis qui est partagé par un membre de la Présidence de la République : « L’existence de la MP a privé le raïs de la possibilité de jouer son rôle d’arbitre et de rassembleur. Il n’est plus crédible pour montrer le chemin qui conduit vers apaisement ».

Au plan externe, « Joseph Kabila » a habitué l’opinion avec un discours où le "souverainisme" cohabite avec la "dépendance". Sans omettre, l’immodestie et l’autosatisfaction. A-t-il changé? C’est à voir.

Que va annoncer « Joseph Kabila » le 30 juin prochain au moment où l’étau semble se resserrer autour de lui tant à l’intérieur - du fait d’une opposition qui semble en ordre de bataille - qu’à l’extérieur avec une communauté internationale qui ne cesse de promettre des bosses et des plaies à lui ainsi qu’à ses proches? Rendez-vous est pris dans quinze jours...
B.A.W
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